Pratiques de déplacement

Analyse au cœur du diagnostic

L'ESSENTIEL

Dans les territoires peu denses, la voiture est bien sûr le plus souvent le moyen de se déplacer le plus aisé et le plus utilisé : 70% des déplacements se font en voiture, mais cette prédominance ne doit pas occulter d’autres modes de transport : la marche est le 2e mode de déplacement, et c’est le mode de transports principal pour les déplacements courts de moins de 1km. Certains habitants sont plus impactés par l’absence d’alternative à la voiture individuelle dans leurs pratiques, notamment les seniors, plus frappés d’immobilisme, et les jeunes, très dépendants d’autrui pour leurs déplacements.

Pour analyser et comprendre les pratiques des habitants dans le cadre du diagnostic, une seule source de données est directement exploitable : les fichiers MOBPRO de l’Insee, qui détaillent les déplacements domicile-travail et domicile-étude. Leur analyse est bien sûr nécessaire, et doit être complétée pour pouvoir analyser les autres types de déplacements, au regard notamment de la diversité des populations présentes sur le territoire.  Cette analyse des usages contribue à évaluer la demande de mobilité.  

Caractéristiques des déplacements en territoires peu denses

Les éléments présentés ici sont issus de la base unifiée 2017 non redressée regroupant l’ensemble des enquêtes ménages-déplacements réalisées depuis 2009-2010, pour les populations de 11 ans et plus. Ils reposent sur une comparaison des mobilités des territoires peu denses avec celles des aires urbaines.

Dans les territoires peu denses, par rapport aux aires urbaines :

  • La voiture prédomine : 70 % des déplacements se font en voiture contre 61 % dans les aires urbaines
  • La marche, 2e mode de déplacement, n’est pas autant pratiquée : 22 % des déplacements sont réalisés entièrement à pied contre 26 % dans les aires urbaines, et 71 % des déplacements de moins d’un kilomètre sont réalisés à pied contre 74 % dans les aires urbaines
  • Les habitants parcourent un peu plus de distance, mais passent beaucoup moins de temps pour réaliser leurs trajets : 30 km/jour en moyenne pour un temps de transport global de 45 minutes, contre 28 km/jour pour un temps de transport de 1 h 03 dans les aires urbaines ; notamment pour les déplacements domicile – travail : 20km de distance moyenne contre 13km pour les aires urbaines
  • Le taux de motorisation est plus élevé : 8 % des ménages n’ont pas de véhicule à leur disposition contre 16 % dans les aires urbaines. 8% des ménages doivent donc trouver des alternatives à l’utilisation de leur propre véhicule pour pouvoir se déplacer, auxquels il faut ajouter les personnes des ménages motorisés qui ne peuvent utiliser la voiture (incapacité de conduire, ou de disposer de l’unique voiture utilisée généralement par le membre du ménage disposant de l’emploi le plus stable, etc).
  • Les transports en commun sont beaucoup moins utilisés : 4 % des déplacements se font en transports collectifs contre 9 % dans les aires urbaines, et 5 % des déplacements de plus de 20 km sont intermodaux contre 13 % dans les aires urbaines.
  • L’autosolisme est un peu moins important : le taux d’occupation moyen est de 1,43 personne par véhicule contre 1,36 dans les aires urbaines
  • Les personnes âgées sont à la fois plus nombreuses et plus « immobiles » : 23 % de la population a plus de 65 ans (17 % dans les aires urbaines) et au moins un jour de la semaine, 30 % des habitants de 65 ans et plus ne sortent pas de chez eux contre 23 % dans les aires urbaines
  • Les jeunes sont moins autonomes dans leurs déplacements : 26 % de la population a moins de 25 ans (31 % dans les aires urbaines) et 30 % des déplacements des moins de 25 ans sont réalisés en tant que passager d’un véhicule (23 % dans les aires urbaines)

Des pratiques de déplacement différenciées selon les publics

Les territoires ruraux présentent de multiples besoins de déplacements avec peu de flux massifiés. Chaque catégorie d'usagers révèle ses propres pratiques de déplacements. Le mode de vie et la position dans le cycle de vie déterminent des mobilités spécifiques. C'est ainsi que les mobilités des scolaires ne sont pas celles des cadres, des seniors ou des actifs. De plus, chaque individu localise sa résidence dans un territoire particulier en fonction de caractéristiques socio-démographiques qui lui sont propres comme la taille du ménage, les revenus ou l'appartenance à une catégorie socioprofessionnelle. Chacune de ces composantes influence donc les pratiques de mobilité.

L'analyse des déplacements domicile-études et domicile-travail demeure incontournable. Même si l’on considère qu'ils ne constituent que 25 % des motifs de déplacements, ils représentent plus de 50 % des déplacements en distance et plus de 60 % des déplacements en heure de pointe (source : ENTD 2008). En outre, les distances domicile-travail ne cessent d'augmenter. Enfin, ces données sont les plus facilement disponibles : elles sont intégrées aux informations issues du recensement général de la population réalisé par l'INSEE (fichier MOBPRO).

Exemple : analyse des flux pendulaires St Léonard de Noblat
Les flux de mobilité évalués par l’INSEE sont révélateurs des déplacements effectués quotidiennement pour aller travailler ou suivre des études. Ils forment une part importante des bassins de mobilité. Source : Cerema Sud-Ouest

St Léonard de Noblat

St Léonard de Noblat




 

Même si l’analyse des déplacements des actifs est incontournable, une attention particulière doit être portée au risque de segmenter l'offre sur des populations spécifiques. Il est recommandé de prendre en compte les problématiques de l'ensemble des publics (les actifs, les retraités, les personnes à mobilité réduite, les personnes en situation précaire, les scolaires, etc.) avec des tendances de mobilité.

 

Exemple : des besoins spécifiques pour de multiples usages

Usagers

Motifs de déplacements

Destinations spécifiques

Particularités

Jeunes

Domicile-études (transports scolaires), établissements d'enseignement

Loisirs et activités culturelles et sportives

Mercredi, samedi et dimanche,

Soir en semaine

Personnes âgées

Commerces, marchés,

Services de santé, loisirs, cimetière

Recherche de convivialité

Besoins d'aide à la personne besoin d'accompagnement

Personnes en parcours d'insertion professionnelle

Zones d’emploi, Pôle Emploi

Mise en œuvre des tarifications adaptées

Facilitation de l'accès aux zones d'emploi et aux lieux de formation

Touristes

Très hétérogènes

Sites touristiques

Engorgement de certains lieux touristiques, préservation de l'environnement, stationnement camping-cars

Personnes

à mobilité réduite

Tous motifs

Difficultés de déplacements individuels qui rendent délicats, voire interdisent les trajets d’approche pour rejoindre un arrêt de transport collectif classique

Besoin d'équipements spécifiques

Besoins d'aide à la personne besoin d'accompagnement

Actifs

Domicile-travail

Tous motifs

Variable, pas forcément 8h-17h

 

Il est également important d’avoir conscience qu’on observe des déplacements réalisés : ce sont des besoins satisfaits, mais qu’il existe aussi des besoins non satisfaits et une demande spécifique de mobilité : l’accès au transport des populations en situation de précarité par exemple. Pour les mettre en évidence, les acteurs sociaux (CCAS, foyer rural, mission locale, associations d'insertion, etc.) du territoire peuvent représenter une source de connaissance des personnes qui rencontrent des difficultés de mobilité, soit qu’elles renoncent à certains déplacements, soit qu’elles subissent un impact en termes de coût financier, de fatigue ou de temps passés pour leur mobilité très élevé dans leur vie quotidienne.

L’évaluation de la demande de mobilité doit également être conduite de façon prospective, afin d’anticiper l’arrivée et le départ de nouvelles populations (nombre et taille de ménages, localisation, moyens financiers, modes de consommation…) et l’évolution du tissu économique (arrivée – départ d’entreprises, de commerces, d’artisans, etc,  et leurs impacts sur les mobilités des salariés, clients, usagers, etc).