Personnes à mobilité réduite
L’adaptation des aménagements et des services à tous les usagers.
Qui sont les personnes à mobilité réduite ?
Les personnes à mobilité réduite sont « toutes les personnes ayant des difficultés pour se déplacer, telles que, par exemple, personnes souffrant de handicaps sensoriels et intellectuels, personnes en fauteuil roulant, personnes handicapées des membres, personnes de petite taille, personnes âgées, femmes enceintes, personnes transportant des bagages lourds et personnes avec enfants (y compris enfants en poussette) » (directive 2001/85/CE du Parlement européen et du Conseil du 20 novembre 2001). Il peut donc s’agir aussi bien de difficultés durables que temporaires. Cette définition invite donc à prendre en considération l’ensemble des freins physiques, cognitifs et psychologiques pesant sur la mobilité des individus : problèmes de santé, situations de handicap mais aussi déficit de compétences nécessaires à l'utilisation de l'offre de transport (comme la capacité à lire un plan, à comprendre une langue, à se repérer, etc.), difficultés à s'approprier certains espaces ou manières de se déplacer, etc. Les réflexions qui se rapprochent de la notion de motilité définie comme « l'ensemble des caractéristiques propres à un acteur qui permettent d’être mobile » (Kaufmann, 2019), permettent d’enrichir la compréhension des facteurs d’accessibilité en termes de condition d’accès, de compétences, et de projets.
S’ils ne peuvent répondre à ces conditions, les individus sont alors contraints d’élaborer des stratégies de résistance (continuer comme avant mais de manière plus pénible), d’adaptation (changer ses habitudes en fonction de ces difficultés), voire de renoncement (par crainte ou par impossibilité) aux déplacements, conduisant à des formes d’exclusion ou d’isolement. Ces stratégies permettent non seulement de réagir à des formes d’incapacité à faire certains trajets mais aussi d’éviter par anticipation certaines situations angoissantes ou fatigantes.
Des aménagements pour tous
Cette définition englobante permet d’adopter un point de vue universel, celui de l’autonomie de chacun, en repensant l’accessibilité des espaces publics. Cela est d’autant plus pertinent que les réflexions sur l’adaptation des aménagements permettent d’améliorer la vie de tous, des personnes en situation de handicap, comme des personnes âgées ou des enfants, et non d’un groupe en particulier. La mise en accessibilité bénéficie également au confort d’usage de tous, y compris des usagers dits valides. C’est d’ailleurs sur cette idée que repose la « conception universelle » (Mace, 1985) qui vise à concevoir des aménagements utilisables par toutes les personnes, quelles que soient leurs capacités physiques et intellectuelles, sans besoin d'adaptation spécifique. Cette approche intégrée est en outre moins coûteuse, dès lors qu’elle est menée en amont et non de manière réparatrice.
En outre l’entrée par l’aménagement n’est pas la seule perspective possible pour traiter ces enjeux, notamment lorsque les freins sont moins physiques que cognitifs et psychologiques. L’action publique peut être alors une action d’accompagnement par le biais de soutien aux associations spécialisées, à la mise en place de dispositifs d’aide ou d’apprentissage pour la mobilité à l’instar des vélo-écoles, etc.
Les seniors, un enjeu particulier dans un contexte de vieillissement de la population
Le vieillissement de la population française (Tableaux de l'économie française, Insee, 2020) amène à interroger la place et l’accès des personnes âgées aux services, équipements, activités du territoire mais aussi à la vie sociale. C’est toute la question du bien vieillir qui se pose aujourd'hui de manière accrue. L’enjeu est d’une part d’assurer la sécurité des déplacements par des aménagements adaptés pour prévenir les chutes et les accidents ou plus généralement réduire la pénibilité des déplacements (même s’il convient de nuancer l’importance des risques et des problèmes que rencontrent les personnes âgées, puisqu’une grande majorité se déclare en bonne santé). Il s’agit d’autre part d’accompagner l’accès des personnes âgées aux services, d’autant plus que les distances parcourues et le territoire de vie tendent à se réduire avec l’âge, en améliorant la proximité et les solutions de déplacements alternatives à la voiture, alors que l’arrêt de la conduite automobile qui touche les seniors peut constituer un traumatisme lié à un sentiment de dépendance et de restriction de la vie quotidienne. Par ailleurs la mise en accessibilité pour les personnes âgées leur permet de rester plus longtemps en autonomie et de faciliter un bon état de santé physique et mental.
Des aménagements accueillants et confortables
Adapter la ville aux personnes à mobilité réduite suppose d’évaluer la qualité des aménagements. Les critères sont divers, mais il faut noter tout d’abord des largeurs de cheminement suffisantes (1m40), les aménités présentes dans les espaces publics, permettant de se reposer ou de sentir à l’aise (bancs, passages abrités, toilettes publiques, points d’eau, éclairage adapté, repères, etc.). Des rues apaisées (avec une vitesse limitée, une bonne perception réciproque des usagers et des traversées équipées) contribuent aussi à l’accessibilité des espaces notamment pour des personnes peu rassurées ou éprouvant des difficultés à gérer des situations complexes. C’est ensuite le caractère sécurisé et lisible des cheminements qui entre en compte. Des revêtements glissants, des dénivelés trop importants, un encombrement de la voirie par exemple lors de chantiers ou simplement un manque d’entretien peut conduire les usagers à faire des détours, à devoir faire des efforts pénibles et/ou dangereux voire à abandonner telle ou telle activité. La lisibilité quant à elle désigne la facilité avec laquelle l’on peut identifier les éléments de la ville et les structurer en un schéma cohérent (Kevin Lynch, L’image de la cité, 1960) pour se repérer et s’orienter dans ses déplacements. Elle renvoie donc notamment à la clarté de la signalétique (par exemple des plans de villes ergonomiques, des panneaux bien placés et correspondant aux destinations souhaitées, etc.), souvent pensée pour les automobilistes au détriment des autres usagers. Pour les personnes en mobilité réduite cette dimension est particulièrement importante et doit être pensée quelles que soient les situations de handicap (vision, audition, etc.) en réfléchissant aussi aux situations d’illettrisme ou d’illectronisme.
Exemples de réalisations :
Guide Coeurs de villes et de villages accessibles à tous - recueil de belles pratiques
Opérations d'aménagement de centres-bourgs de villes de petite taille ou de villages, intéressantes tant sur le plan de l'accessibilité qu'au regard des autres enjeux de l'aménagement durable (qualité urbaine et paysagère, gouvernance, etc.).
Une démarche de concertation et de participation
Étant donné que l’accessibilité des personnes à mobilité réduite est affaire de vécu et d’expérience, il est important d’engager une démarche de concertation ou de participation avec les usagers et les habitants avant d’engager des actions précises. Des acteurs associatifs, institutionnels ou issus de l’économie solidaire peuvent apporter une expertise précieuse sur ces sujets. On peut citer notamment les commissions communales ou intercommunales pour l’accessibilité aux personnes handicapées (CAPH), le Conseil départemental consultatif des personnes handicapées, la Maison départementale des personnes handicapées, mais il existe plus largement un réseau associatif diversifié qu’il convient a minima de consulter. Par ailleurs l’accessibilité peut être l’objet de plusieurs diagnostics préexistants, effectués par exemple dans le cadre d’études menées par des gestionnaires de voirie ou de transports, d’établissements recevant du public ou de l’élaboration d’un plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics.
Pour identifier précisément les éléments posant problème dans la mobilité des personnes, des méthodes d’enquête comme les parcours commentés, les filatures ou simplement des observations de terrain sont toutes indiquées puisqu’elles permettent de cerner les points d’amélioration à partir des expériences et des attentes des personnes.
Les organismes nationaux
(Liste non exhaustive)
- AILDV Association des Instructeurs de Locomotion pour personnes Déficientes Visuelles
https://www.aildv.fr/
- APF France Handicap
https://www.apf-francehandicap.org/
- Association Valentin Haüy
https://www.avh.asso.fr/
- CFPSAA Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes
www.cfpsaa.fr
- FNATH Association des accidentés de la vie
https://www.fnath.org/
- UNAPEI Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis
https://www.unapei.org/
- 60 millions de piétons
http://www.pietons.org/