Impact du tourisme

L'ESSENTIEL

La gestion des mobilités touristiques peut s’avérer un enjeu essentiel pour certaines collectivités afin de maintenir son attractivité touristique d’une part, de préserver la qualité de vie de ces territoires d’autre part.

En s’intéressant à la mobilité touristique, on cherche souvent à maitriser les nuisances environnementales de ces déplacements, à réduire les phénomènes de congestion automobile et de saturation du stationnement, et à rendre moins conflictuelle la cohabitation entre touristes et résidents.

Connaître les mobilités touristiques peut s’avérer complexe, rendant souvent nécessaire la mise en place d’enquêtes spécifiques.

La gestion des mobilités touristiques, un enjeu essentiel pour certaines collectivités

Les mobilités touristiques sont les déplacements des individus qui voyagent ou séjournent dans un lieu autre que celui qu’ils fréquentent habituellement (lieux de résidence, lieu de travail, lieux d’achats habituels ou de soins médicaux). A noter que les voyages d’affaires sont intégrés à cette définition mais pas les transporteurs routiers ou les personnes en séjour dans un hôpital par exemple. Les personnes en simple transit sur le territoire ne sont pas non plus considérées comme des touristes puisque le territoire n’est alors qu’un lieu de passage et non de visite.

Pour les collectivités qui présentent une attractivité touristique significative, la prise en compte de ces mobilités est fortement recommandée. D’autant qu’en France, beaucoup de lieux touristiques sont situés sur des communes peu peuplées donc peu équipées en infrastructure de transport, a priori. Les flux touristiques se traduisent par des pratiques de mobilité spécifiques, du fait des déplacements liés à l’arrivée et au départ ou aux visites sur place des touristes, avec le plus souvent des effets de saisonnalité très marqués. Les impacts de ces mobilités peuvent s’avérer considérables, notamment sur les résidents et usagers réguliers du territoire, qui peuvent se voir contraints dans leurs pratiques de mobilité. Les phénomènes de congestion, de saturation du stationnement, de pollution atmosphérique ou visuelle, peuvent alors rendre conflictuelle la cohabitation entre touristes et résidents. Le développement du tourisme sur un territoire invite donc à prendre en compte non seulement les besoins des habitants mais aussi de tous les visiteurs, dont l’impact sur le système de mobilité peut être fort, par exemple pour les stations balnéaires ou de ski. Bien gérer l’offre de mobilité et les aménagements permet d’assurer la satisfaction des touristes, tout en pérennisant l’attractivité du territoire, en faisant en sorte que l’arrivée de touristes et ses conséquences sur le territoire, ne nuisent à pas à l’attrait même qui les a incités à venir en premier lieu.

Les mobilités touristiques ont souvent été peu intégrées aux politiques de transport du fait que le tourisme relève historiquement plutôt du développement économique du territoire. Mais la loi NOTRe et le code du tourisme encourage depuis les années 2010 une planification régionale intégrant ces deux thématiques, notamment à travers du schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) élaboré par la région et du schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) élaboré par le comité régional du tourisme. Ces documents reflètent des politiques transversales, cohérentes et en concertation avec les acteurs locaux concernés (gestionnaires de site touristique, commerçants, exploitants de réseaux, etc.). L’offre de mobilité à destination des touristes gagne alors à être étendus aux habitants, quitte à être étendue hors des saisons touristiques, pour que les retombées du tourisme profitent aussi aux résidents.

Quelles actions possibles et spécifiques aux mobilités touristiques ?

Si cet enjeu est identifié, les réponses portent sur l’accessibilité longue distance mais aussi sur les derniers kilomètres et la mobilité sur place. Cela passe notamment par l’adaptation de l’offre de mobilité aux besoins des touristes, la construction de services de mobilité dédiés, pouvant devenir des éléments attractifs à part entière (navettes fluviales ou maritimes, trains touristiques, réseau cyclable de randonnée, etc.). Le maillage de l’offre, la possibilité d’accéder aux sites touristiques en transport en commun, en véhicule partagé, à pied ou à vélo, une communication efficace sur ces solutions de déplacement, et une bonne gestion du stationnement complètent le panel des actions de la mobilité touristique.

Sur quelles données se baser pour connaître les mobilités touristiques ?

Les données disponibles

Il existe plusieurs sources de données sur la thématique du tourisme, notamment en termes de fréquentation touristique et d’offre d’hébergement. Ces données sont disponibles à l’échelle régionale, départementale, et régulièrement au niveau des bassins touristiques ou des intercommunalités. Le site statistiques-locales.insee.fr propose aussi des données cartographiées pour la plupart à l’échelle communale. D’autres données plus locales peuvent être obtenues auprès d’interlocuteurs locaux comme les agences de développement touristique, les communautés d’agglomération, les communautés de communes, les comités régionaux du tourisme ou les offices du tourisme et syndicats d’initiative. L’Insee publie par ailleurs régulièrement des bilans de l’activité touristique nationale et régionale. Enfin, le portail de la Direction générale des entreprises www.veilleinfotourisme.fr peut aussi offrir de précieuses données de cadrage.

Les deux principaux types de données sur le tourisme portent sur la fréquentation et l’offre d’hébergement touristique. Deux sources principales de données nationales existent sur la fréquentation touristique :

  • l’enquête sur le suivi de la demande touristique des Français (SDT) propose une estimation de plusieurs indicateurs à l’échelle régionale et parfois départementale notamment sur le nombre de voyages, les destinations principales, la durée des séjours, les modes d’hébergements et les dépenses effectuées. L’enquête auprès des visiteurs venant de l’étranger (EVE) propose des données équivalentes mais sur pour les touristes étrangers. Les résultats sont présentés dans le mémento annuel du tourisme édité par la Direction générale des entreprises du ministère de l’Économie et des Finances

L’offre touristique d’hébergement est mesurable à partir de deux sources de données, dont les principaux indicateurs sont disponibles sous forme de carte sur le site statistiques-locales.insee.fr :

  • la capacité des communes en hébergement touristique en 2021 est une base de données produite par l’Insee qui indique au niveau communal, les capacités d’accueil des hôtels de tourisme, des campings, des villages de vacances, des maisons familiales, des centres internationaux de séjour et des auberges de jeunesse. On ajouter aussi les locations Airbnb cartographiées ici (pour une analyse de la géographie et de l’impact d’Airbnb voir http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/carte-a-la-une/france-airbnb.
  • La base des principaux indicateurs sur le logement en 2017, construits à partir des données du recensement de la population, fournit quant à elle des informations sur le parc de logement, et notamment sur le nombre de résidences secondaires présentes pour chaque commune

 

Le besoin d’enquêtes spécifiques

Cependant, il existe très peu de données spécifiques aux mobilités touristiques à proprement parler. Car si ces données concernent l’offre d’hébergement, la fréquentation et le territoire d’origine des touristes, elles informent peu sur les déplacements effectués sur place. Pour connaître les pratiques de déplacements des touristes, il est souvent nécessaire d’effectuer une enquête ou un recueil de données propres. Il peut s’agir d’identifier les caractéristiques des déplacements des touristes lorsqu’ils arrivent ou quittent le territoire et comment ils se déplacent sur place, l’impact de ses pratiques sur les réseaux, les habitudes de fréquentations. Ces informations permettent de mieux évaluer les besoins en matière de transport et donc les solutions à apporter, non seulement en termes de dimensionnement mais aussi selon les attentes en matière de services, les destinations attractives, les épisodes de congestion, le potentiel du développement des modes doux, etc.

Par ailleurs l’Insee publie au niveau national des analyses annuelles du parc marchand pour les saisons touristiques et au niveau régional avec les comités régionaux du tourisme. Toutefois, une limite de ces sources de données est de ne pas intégrer les mobilités touristiques non marchandes, chez des amis ou de la famille notamment, qui représentent pourtant une part importante des pratiques touristiques. L’enquête SDT permet d’avoir un ordre d’idée à l’échelle nationale. Il est possible d’en estimer le poids localement à partir du nombre de résidences secondaires ou du secteur marchand mais cela reste très imparfait. Sur cette questions les acteurs du tourisme comme les offices du tourisme ou les comités départementaux ou régionaux du tourisme peuvent apporter des analyses précieuses.
 

Les enquêtes sur les mobilités touristiques

Ces enquêtes sont pertinentes lorsqu’une activité touristique importante est constatée et justifie des investissements significatifs dans l’étude et l’analyse des pratiques de déplacement. Les enquêtes touristiques peuvent être coûteuses et il convient de réfléchir à la pertinence d’un tel dispositif selon l’impact du tourisme sur le territoire.

Une enquête sur la mobilité touristique peut aussi porter sur un ou plusieurs sites spécifiques et leur accessibilité en évaluant la connectivité et le maillage de l’offre de transport vers et à l’intérieur du territoire, son adaptation aux variations de flux touristiques, la lisibilité de l’offre, les possibilités de stationnement, et les services de mobilité à vocation touristique. Des enquêtes plus localisées (aux abords d’une plage, à l’entrée d’un site touristique) et orientées (sur la qualité de l’accessibilité, du stationnement ou de l’information voyageur par exemple) peuvent être utiles si des enjeux touristiques sont identifiés en amont.

Ces éléments de diagnostic permettent d’identifier des pistes pour améliorer ou optimiser le système de mobilité, ses défauts ou ses atouts. Notamment, ces informations permettent de développer la complémentarité des modes de transport, la qualité des accès et éviter des problématiques de saturation, de pollution ou de décalage par rapport aux besoins réels.

Des enquêtes plus générales peuvent être menées, dépassant la spécificité de la mobilité. Les enquêtes tourisme permettent de mieux connaître les pratiques spécifiques de déplacement des touristes et leurs besoins (temporalité et géographie des déplacements, itinéraires pratiqués, usages des modes de transport, connaissance ou non des offres alternatives existantes et de l’information multimodale associée), mais aussi les programmes d’activités, les lieux fréquentés, les types d’hébergement (marchand ou non marchand), etc. Elles s’appuient sur des approches plus larges et s’intéressent généralement aux besoins, aux attentes ainsi qu’à la satisfaction des usagers.
 

Exemple : l’enquête présentielle estivale de Corse de 2018

Le questionnaire présenté ci-dessous (Annexes – Cerema. Connaître la mobilité touristique - Guide méthodologique pour la réalisation d’enquêtes. Cerema : Bron, 2019. Collection Connaissances. ISBN 978-2-37180-318-3 ) permet de mieux saisir le type de questions à poser lors de ce genre d’enquête. Cette enquête a complété l’enquête déplacements villes moyennes, menée en 2016-2017 en apportant des informations sur la mobilité des touristes et des résidents corses en période estivale

Pour aller plus loin

Connaître la mobilité touristique

 

Connaître la mobilité touristique : guide méthodologique pour la réalisation d’enquêtes

Cet ouvrage propose aux maîtres d'ouvrage, aux décideurs et aux techniciens les bonnes pratique et les outils pour constituer une évaluation de la politique de déplacements des touristes et ainsi mieux appréhender la mobilité touristique sur leur territoire, tout en incluant la mobilité des résidents. Il décrit les méthodes d’observation de la mobilité des résidents et des non-résidents afin d’aider à la conception et à l’évaluation de politiques de déplacements spécifiques adaptées à chaque contexte. Il fournit aux maîtres d’ouvrage, décideurs et techniciens les bonnes pratiques et les outils pour connaître les données existantes, mais aussi pour spécifier un recueil de données de mobilité touristique adapté aux objectifs fixés. Ce faisant, il constitue un pont entre les domaines du tourisme et des transports.

Connaître la mobilité touristique | Publications du Cerema

 

Organiser les déplacements liés au tourisme évènementiel ​Organiser les déplacements liés au tourisme évènementiel

Trois ouvrages du Cerema traitent de la gestion du transport des touristes et de l'organisation des déplacements liés au tourisme événementiel. La gestion des déplacements pour un événement localisé dans l’espace et dans le temps (organisation d’un match de football, concerts...) a fait l’objet d’études et de publications récentes. L’intérêt est ici porté sur les pratiques de gestion des déplacements des villes confrontées à une dispersion forte des fréquentations résidentes et touristiques de masse sur plusieurs quartiers d’une même ville. Tous les modes de transport sont concernés : transports collectifs, automobiles, piétons (dont personnes à mobilité réduite), cyclistes, etc. Ces recommandations s’appuient sur des exemples précis et des témoignages de différentes collectivités ou services de l’État. Sept événements ont été étudiés ; il s’agit de l’Armada de Rouen, des Eurockéennes de Belfort, des Fêtes de Bayonne, de la Braderie de Lille, de la Fête des Lumières à Lyon, du Marché de Noël de Strasbourg et des Jeux Olympiques de Londres.

Transports urbains et tourisme | Publications du Cerema

Méthodes proposées